- PRESSE - Typologie de la presse
- PRESSE - Typologie de la presseLa presse française, qui compte quelque 3 000 titres principaux (15 000 si on dénombre tous les bulletins d’associations et les publications de communes, de paroisses, tous à périodicité variable), est constituée d’organes très divers qui couvrent tous les domaines de l’actualité et des connaissances. Pour donner un tableau d’ensemble de cette presse, il convient d’établir une typologie de ses principaux organes et d’abord de définir les critères de classification qui peuvent être utilisés.Critères de classification et typologiesLa périodicité , le rythme de publication, permet d’isoler le quotidien, paraissant 5 ou 6 fois par semaine, du reste de la presse périodique. En effet, ce rythme entraîne la mise en place d’une structure industrielle particulière très liée à la rapidité de la fabrication. Si les quotidiens ne représentent que 130 titres des 3 000 principaux, ils ont un tirage total annuel de 3 milliards d’exemplaires (soit 45 p. 100 du total de la presse française). La presse périodique (898 hebdomadaires, 1 205 mensuels, 670 trimestriels et 30 d’autre périodicité) ne représente que 4,2 milliards d’exemplaires.Par la couverture géographique de la diffusion des périodiques, on distingue la presse locale et régionale de la presse nationale, c’est-à-dire deux marchés peu concurrentiels. Si la presse locale et régionale n’intéresse que les habitants d’une zone géographique déterminée, contribuant ainsi à renforcer le sentiment d’enracinement local, la presse nationale, au contraire, a vocation à intéresser tous les lecteurs. Elle est, de fait, le plus souvent implantée à Paris et en Île-de-France; sa diffusion en région n’atteint que les grandes métropoles.La spécificité de l’entreprise éditrice – entreprise n’éditant qu’un seul titre, groupe de presse contrôlant plusieurs publications, groupe multimédia s’intéressant aussi bien à la presse écrite qu’à la radio ou à la télévision, ou groupe industriel ayant une activité de presse parmi d’autres – est un critère d’analyse économique qui permet de classer les titres non plus en fonction de leur public, de leur contenu ou de leur périodicité, mais en fonction de leurs résultats économiques, de leur puissance relative dans un secteur donné. Il permet également d’évaluer les liens entre les divers titres (concentration).Sous l’appellation contenu , on distingue entre information générale et information spécialisée. L’information générale est de nature encyclopédique; s’intéressant à tout, les organes d’information générale couvrent des domaines extrêmement variés susceptibles de répondre à des attentes diverses. L’information spécialisée vise à satisfaire des besoins précis: programmes de télévision, informatique, agriculture, médecine, vulgarisation scientifique. Les contenus sont alors très pointus.Enfin, la notion de public permet de différencier le grand public, ensemble vague, mosaïque, du public spécialisé, ciblé, catégories précises d’individus caractérisés par des critères comme le sexe (presse féminine), l’âge (presse des jeunes) ou l’activité professionnelle (presse des agriculteurs).Ces cinq critères permettent, pris ensemble, d’identifier et de caractériser une publication. Mais aucun d’eux, pris isolément, ne permet d’établir une typologie de la presse. La périodicité, la couverture géographique et la spécificité de l’entreprise éditrice sont des critères structurels qui, s’ils peuvent être reliés entre eux, ne le sont pas d’une manière évidente aux critères du public ou du contenu. En effet, un quotidien impose à l’entreprise éditrice une organisation particulière, que le quotidien soit d’information générale ou d’information spécialisée. De même, la notion de secteur géographique – local ou régional – s’applique aussi bien à des organes d’information générale (quotidiens régionaux) qu’à des organes spécialisés (presse de télévision).Les critères de contenu et de public sont également difficiles à utiliser séparément. En effet, les éditeurs raisonnent désormais en terme de positionnement d’un titre vers un public cible. Avec la radio et la télévision, la nouvelle – l’information sur l’événement – atteint très rapidement le public dans son ensemble. La segmentation du public va donc s’opérer sur des conceptions variables du traitement de l’information. L’éditeur va s’intéresser beaucoup plus à la manière dont tel ou tel public souhaite voir traiter l’information plutôt qu’au contenu même de l’information: le style tend à dominer le contenu. C’est ainsi que le style magazine des hebdomadaires d’information générale a fini par pénétrer les quotidiens d’information générale ainsi qu’en témoigne la nouvelle formule du quotidien Libération (fin de 1986).Enfin, cette stratégie du positionnement des titres par rapport à un public cible dont on connaît les attentes rend également caduque une typologie par fonction: opinion, information, éducation, intégration sociale, distraction, aide à la vie quotidienne. Visant une cible définie, la publication cherche à satisfaire l’ensemble des attentes de ce public et diversifie ses contenus en conséquence: c’est ainsi que sont apparues des rubriques d’information générale dans les quotidiens médicaux par exemple.Il existe un certain nombre de classifications de la presse française, qui sont autant de typologies. Celle de l’I.N.S.E.E. (nomenclature des produits presse) distingue dix-sept catégories, dont deux pour les quotidiens, deux pour les hebdomadaires, douze pour les périodiques spécialisés et une rubrique revue. L’Office de justification de la diffusion, qui a en charge le contrôle du nombre d’exemplaires vendus et de la répartition géographique de ces ventes, propose une partition entre presse d’information générale et presse technique et professionnelle. La presse d’information générale comprend, outre les périodiques à vocation encyclopédique, les magazines grand public d’information spécialisée (presse féminine, de radio-télévision, sportive, etc.). Le service juridique et technique de l’information (service du Premier ministre chargé de l’analyse du marché de la presse française) publie tous les ans une étude statistique dans laquelle il propose une classification qui, sous forme graphique, permet de situer les organes de presse à partir de quatre axes principaux: presse d’information générale et politique scindée en nationale et locale, et presse spécialisée divisée en grand public et public professionnel. C’est une typologie du même genre qu’utilise Tarif Média , répertoire professionnel de la presse; il présente d’abord les quotidiens nationaux et régionaux, puis les périodiques locaux. Ensuite viennent deux grandes subdivisions: grand public (avec 150 rubriques) et presse technique et professionnelle (135 rubriques, la presse agricole et la presse médicale bénéficiant d’un traitement particulier compte tenu de l’importance de ces deux secteurs). Enfin, Pierre Albert, dans son ouvrage La Presse française , propose une typologie qui isole elle aussi les quotidiens des périodiques. Ceux-ci sont classés ensuite en fonction de leur contenu: information générale, information spécialisée, presse de documentation incluant, entre autres, la presse technique et professionnelle. La comparaison de ces typologies montre bien qu’il faut utiliser à la fois des critères structurels (périodicité ou zone géographique) et des critères de cibles (public ou contenu).On peut donc proposer une approche par contenu – information générale et information spécialisée – relié aux critères périodicité et zone géographique de diffusion (tabl. 1). La presse d’information générale regroupe, en effet, des publications ayant vocation à apporter information et commentaires de l’actualité politique, économique, sociale et culturelle, nationale, internationale et locale. Elle rassemble les quotidiens nationaux et régionaux, les grands hebdomadaires, newsmagazines et hebdomadaires d’opinion, politique ou religieuse. C’est également à cette catégorie qu’on rattache les publications locales des partis politiques et les journaux du septième jour.La presse spécialisée est identifiée comme telle soit par son contenu, soit par son public, l’un appelant l’autre. Elle est essentiellement thématique. La presse professionnelle relève de cette seconde catégorie. Elle a pour caractéristique de s’adresser, au travers de contenus très pointus, à un public nettement ciblé, pour lequel l’information est une nécessité. De périodicité longue (mensuelle ou trimestrielle), elle est le plus souvent diffusée par abonnement.On a longtemps distingué presse spécialisée grand public et presse spécialisée professionnelle. Cette distinction, qui peut avoir une utilité pratique pour l’ordonnancement d’un répertoire ou de séries statistiques, devient, de fait, de plus en plus difficile à gérer. En effet, des secteurs entiers comme la presse économique, la presse informatique, la presse féminine au sens large, y compris, par exemple, la presse des professionnels de l’habillement, sont à la limite du grand public et du public professionnel. En dehors de secteurs industriels, techniques, agricoles ou de services très pointus, de nombreuses publications destinées à des professionnels peuvent donc attirer une clientèle de curieux avertis (photo, vidéo, informatique, tourisme, habillement). On en donnera pour preuve le nombre croissant de publications dites professionnelles qui sont désormais disponibles en kiosques (Le Film français , Médias , Le Technicien du film par exemple).Cette approche de la presse spécialisée fera intervenir, dans la présentation et le choix des catégories décrites, un critère économique supplémentaire: celui du poids du secteur en termes de nombres de titres, de diffusion et d’audience (lectorat).La presse d’information généraleDepuis l’avènement de la radio puis de la télévision, la presse n’est plus le support de l’annonce de l’événement. Elle est le lieu de l’explication, du commentaire, de la prise de position sur les événements, importants ou divers, qui se produisent à travers le pays et le monde, dans un domaine quelconque: politique, société, économie ou culture. En ce sens, la presse d’information générale a une vocation encyclopédique qui lui permet de satisfaire des intérêts et des curiosités variés.En dehors de la diversité de ses contenus, elle se caractérise par une grande variété dans la forme des articles qu’elle propose. La maquette cherche à valoriser le mieux possible chaque information et, par une stratégie d’incitation au parcours et à la lecture, à faire consommer par le lecteur le maximum de matière, y compris les annonces publicitaires. Sur le plan rédactionnel, la presse d’information générale est le principal secteur de l’écrit où peut se constituer la notoriété des journalistes: signer régulièrement un éditorial, un billet, une chronique ou des grands reportages contribue, au-delà de la réputation du journaliste, à fidéliser le lectorat et à valoriser les autres éléments de la publication.La presse quotidienneLe marché des quotidiens français s’est stabilisé depuis une dizaine d’années; il comprend 10 à 12 quotidiens nationaux édités à Paris (tabl. 2) et, environ, 80 quotidiens régionaux dont le tirage oscille entre 25 000 et 800 000 exemplaires (tabl. 3).Les quotidiens nationauxPour juguler la baisse de leurs tirages (en 1970, 13 quotidiens réalisaient un tirage total annuel de 4,2 millions d’exemplaires; en 1985, pour 12 titres ce tirage n’est plus que de 2,7 millions d’exemplaires), les quotidiens nationaux ont été contraints d’adapter leurs contenus et de les diversifier. C’est ainsi que Le Figaro , sur le modèle des quotidiens régionaux, a opté pour la création de suppléments magazines vendus, avec le quotidien du samedi, à un prix majoré: Le Figaro Magazine ; Le Figaro Madame , etc. Le quotidien Le Monde pratiquait depuis déjà longtemps le supplément thématique intégré («Le Monde des livres», «Le Monde des arts», etc.). Il développe désormais de nouveaux produits: soit des suppléments thématiques liés à des événements et vendus avec le quotidien (S.I.C.O.B., Salon de la navigation de plaisance), soit la publication de magazines spéciaux, comme L’Année économique et sociale . C’est cette dernière formule qu’a adoptée aussi Libération . Elle permet au quotidien de réutiliser ainsi des articles déjà publiés, alors que les suppléments magazines ont, eux, un contenu tout à fait original et inédit.Autre évolution des quotidiens nationaux, la tendance à la régionalisation. Cela affecte non seulement les quotidiens mais les hebdomadaires et certains organes de la presse spécialisée grand public (télévision). Il s’agit alors d’ancrer le titre dans un espace régional en proposant, outre le contenu national, des pages spéciales régions comme Le Monde avec ses suppléments régions et ville et Le Figaro-Lyon . Le quotidien Libération a même tenté de créer Lyon-Libération , doté d’une rédaction autonome et qui se veut un quotidien régional à part entière.Les quotidiens régionauxS’ils consacrent une part de leur contenu à l’information internationale, nationale et régionale, l’essentiel des quotidiens régionaux est consacré à l’information locale. L’information régionale est liée à l’activité de la métropole régionale. Ils ne sont régionaux que par leur zone de diffusion; ils sont locaux par leur contenu. Au minimum chaque canton, sinon chaque commune, voit son activité reflétée par le journal. Cela explique la démultiplication des éditions: 30 éditions locales différentes pour Ouest-France , 11 pour La Dépêche du Midi . Ces quotidiens proposent donc essentiellement un reflet des activités locales, susceptible de fidéliser les lecteurs. Leur contenu en devient très anecdotique: compte rendu des conseils municipaux, des assemblées générales d’associations diverses, reportage sur les fêtes et kermesses, quelques informations culturelles et, surtout, informations de services: médecin ou pharmacien de garde, cours de certains produits, carnet, spectacles, petites annonces. Compte tenu de la place importante occupée par cette «petite information», la régionalisation des quotidiens nationaux ne leur crée pas une concurrence réelle, sauf dans les métropoles.Caractéristique des grands quotidiens régionaux, la presse du dimanche, ou quotidien du septième jour, a un contenu plus magazine, souvent distractif (jeux). C’est de ce modèle que se sont inspirés les quotidiens nationaux quand ils ont créé leur supplément magazine vendu avec le numéro du samedi. Dans la presse régionale, c’est par le journal du dimanche que la couleur a été introduite dans les années 1960 avant d’être étendue aux numéros de la semaine dans les années 1970-1980. Cette utilisation de la quadrichromie est une autre différence entre les quotidiens nationaux, qui l’utilisent peu, et les régionaux, qui ont rénové leurs maquettes en l’introduisant à la une. Autre différence de présentation: le format, tabloïd ou petit folio pour les nationaux, grand folio pour les régionaux.La presse hebdomadaireLes newsmagazines illustrés proposent analyse et synthèse de l’actualité de la semaine, et perspectives d’évolution des événements (tabl. 4). Inspirés des hebdomadaires américains comme Time , ils sont apparus dans les années 1960 (d’abord L’Express , puis Le Nouvel Observateur , Le Point , Valeurs actuelles et, le plus récent, L’Événement du jeudi ). Leur lectorat est plutôt aisé (cadres et professions intellectuelles), assez bien réparti entre hommes et femmes, plutôt jeune (50 p. 100 des lecteurs ont moins de 35 ans) et souvent parisien.Les hebdomadaires illustrés à vocation plus distractive, comme Paris-Match , V.S.D. , Le Journal du dimanche , Ici Paris ou France Dimanche , ont un lectorat plus populaire, plus féminin également, relativement plus âgé aussi. Ces publications privilégient l’illustration («le poids des mots, le choc des photos»), en redonnant à l’image de menus événements – les faits-divers et leurs héros, par exemple –, que la télévision ne traite guère, une grande importance.Les organes d’opinion politique (Minute , L’Humanité Dimanche ) ou confessionnel (Le Pèlerin , La Vie ) analysent l’actualité à travers le prisme de la doctrine, de l’idéologie. Malgré des efforts d’adaptation des maquettes et des contenus, ces publications, en particulier les hebdomadaires catholiques, voient leur audience s’effriter.Enfin, Le Canard enchaîné , hebdomadaire satirique sans publicité, croque l’actualité de la semaine avec férocité, utilisant la satire et la caricature, ayant également pour fonction de révéler certaines affaires que les autres médias reprendront si l’information s’avère fondée.La presse spécialiséeOn inclut ici les organes de presse caractérisés par la spécificité de leur contenu et/ou de leur public, quelles que soient leur périodicité et leur zone de diffusion géographique. L’approche la plus logique est l’approche par secteurs (contenu et public liés), classés et présentés suivant leur poids économique relatif à l’intérieur de l’ensemble du marché de la presse, poids évalué en nombre de titres, en tirage total annuel et en montant de la publicité dans le chiffre d’affaires (tabl. 5). Le volume des revenus publicitaires est important, car il conditionne la viabilité d’une publication. La presse périodique non quotidienne reçoit plus de 65 p. 100 des investissements publicitaires de la presse. Ils sont ensuite répartis par secteurs, puis par titres en fonction du lectorat et du taux de circulation (rapport diffusion/lectorat). Ainsi le magazine Elle , qui diffuse 373 000 exemplaires (O.J.D. 1986), réalise un chiffre d’affaires publicitaire de 215 millions de francs, chiffre réduit de moitié (107 millions) pour Prima , qui tire cependant à 1 400 000 exemplaires. Faute de place pour présenter tous les secteurs, nous avons choisi les plus importants, tant du point de vue de la presse spécialisée grand public que de celle des professionnels.La presse de radio-télévisionLa presse de radio-télévision domine le marché de la presse spécialisée, moins par le nombre de titres que par les tirages atteints (tabl. 6). La presse de radio-télévision a pour objectif premier l’aide à la sélection des émissions par la présentation comparée des grilles de programmes des chaînes et des éléments d’information sur le contenu de ces programmes. Mais là, comme ailleurs, les contenus ont évolué et, à côté des programmes, les magazines proposent des jeux, de la bande dessinée, du courrier, des reportages sur les vedettes ou les coulisses de la télévision, voire des romans-photos. Les bouleversements du paysage audiovisuel français entre 1985 et 1987 ont d’ailleurs incité certains éditeurs à lancer de nouveaux titres, qui n’ont guère entamé la clientèle des titres déjà existants, alors même que plus de 95 p. 100 des foyers sont désormais équipés d’au moins un récepteur. C’est ainsi que le groupe allemand Bertelsmann, au travers de sa filiale française Prisma Presse, a lancé Télé-Loisirs , qui atteint désormais 900 000 exemplaires diffusés.Il faut ajouter à ces magazines nationaux, dont certains développent des éditions régionales (Télé 7 jours ), les suppléments télévision des quotidiens, nationaux (Le Monde , Le Figaro TV ) et régionaux (La Voix du Nord , La Montagne ). Ils offrent non seulement le même type d’information que les hebdomadaires spécialisés, mais ont adopté un format et une mise en pages assez proches. Seul Télérama a opté pour une présentation horaire des programmes, toutes chaînes confondues; tous les autres font une présentation chaîne par chaîne, horaires quotidiens ou hebdomadaires. En 1988, Télérama a également innové en introduisant le code-barres permettant la programmation automatique des magnétoscopes équipés d’un lecteur optique.La presse féminineVient ensuite la presse féminine avec 417,5 millions d’exemplaires annuels (tabl. 7). On peut fragmenter cette masse en catégories variées: presse de beauté et de mode, presse pratique (ouvrages et bricolage), roman-photo et presse du cœur, avec, en particulier dans le secteur mode et beauté, une partition entre magazines haut et bas de gamme, selon que ces publications s’adressent à un public de haut niveau social (Vogue , Elle ) ou à un public plus populaire (Marie-France , Femme actuelle ). Ces magazines sont d’excellents supports publicitaires puisque, globalement, le secteur tire 36 p. 100 de ses recettes de la publicité.La presse sportiveLe troisième secteur est celui de la presse sportive, y compris les sports mécaniques [auto/moto] (tabl. 8). L’Équipe est pour l’instant le seul quotidien sportif généraliste; un second, Le Sport , n’a pas réussi à s’implanter. Pratiquement, chaque sport dispose d’un ou de plusieurs titres. Les tirages moyens peuvent être relativement faibles (50 000 exemplaires), mais ils suffisent à assurer l’équilibre des publications. La plupart des titres sont mensuels, et pour certains sports (ski, par exemple) saisonniers. La popularisation du sport, liée en grande partie à la place que lui donne la télévision et à l’assimilation dans les modes de vie contemporains entre le sport et la forme, le bien-être et la jeunesse, explique cette multiplication des titres. Il s’agit d’une presse très spécialisée, parfois très technique, mais qui est également dépendante des modes et du rythme des événements sportifs.La presse des jeunesLa presse pour la jeunesse y compris la bande dessinée compte 180 titres, qui réalisent un tirage total de 200 millions d’exemplaires (tabl. 9). Comme pour la presse féminine, la catégorisation peut se faire par public, c’est-à-dire par tranches d’âge: à chaque âge son journal. Le marché actuel est donc caractérisé par des produits très étudiés pour des cibles précises (2-4 ans, 4-8 ans, 8-12 ans ou lycéens) et qui tirent l’essentiel de leurs ressources de la vente, visant un double public: attirer les enfants lecteurs et plaire aux parents acheteurs. Tous appuient leur stratégie rédactionnelle sur une connaissance approfondie des comportements des enfants et des jeunes. La télévision ne concurrence pas directement la presse enfantine: celle-ci sait même, en temps utiles, utiliser les héros de la télévision par la bande dessinée ou des jeux liés aux émissions enfantines. L’objectif de tous ces titres reste soit d’amuser et distraire, soit d’informer et éduquer. Autre caractéristique du marché de la presse enfantine: une forte présence de groupes idéologiques, religieux (éditions Fleurus, groupe Bayard) ou politiques (éditions Vaillant, liées au P.C.F.). La publicité n’occupe qu’une faible part du contenu de la presse des enfants.En revanche, les magazines pour adolescents (O.K. , Hit ), liés aux variétés et à leurs vedettes, ont une pagination publicitaire plus importante. Enfin, il faut noter que les jeunes et les adolescents ont des comportements d’adultes vis-à-vis de divers magazines spécialisés et consomment aussi bien la presse de télévision que les magazines de voyage (Géo ), de cinéma (Première ) et de vulgarisation scientifique (Science et Vie , Ça m’intéresse ).La presse professionnelleUn marché stable, dominé par trois grands secteurs d’activité: l’agriculture, la médecine et les services marchands, la presse professionnelle s’adresse à un public très motivé, compétent, qui a besoin d’information pour exercer au mieux son activité professionnelle. Dans ce contexte, la présence de la publicité est souvent ressentie comme positive car elle porte à la connaissance l’existence de produits, de matériaux, etc. Elle remplit divers rôles dont les deux principaux sont l’information sur les problèmes et l’évolution du secteur professionnel concerné (conventions collectives, salaires, fiscalité, petites annonces) et la formation (par la publication d’articles scientifiques, l’information sur les congrès, les publications, les décisions gouvernementales). Elle a également une fonction de reliance sociale , trait d’union entre professionnels d’un même secteur ou d’une même spécialité en valorisant les intérêts, les objectifs et les problèmes communs à cette profession.La presse agricole a connu ces dernières années des transformations liées à l’évolution du monde agricole. L’agriculteur est désormais un chef d’entreprise, un gestionnaire et un technicien. Il attend de sa presse professionnelle qu’elle réponde à ses deux préoccupations majeures: l’information sur les problèmes techniques et scientifiques de l’agriculture (évolution des matériels et des produits) et l’information économique générale sur les marchés, régionaux, nationaux et internationaux, ainsi qu’une aide à la gestion de l’exploitation. Le tout doit être de présentation agréable, d’une lecture assez facile, et comporter des illustrations en couleurs. À côté de quelques titres généralistes (Cultivar , La France agricole , Agriculture Magazine ), la presse agricole connaît deux segmentations: l’une par régions, l’autre par produits, qui, dans certains cas, se recoupent (tabl. 10).La presse médicale est le secteur le plus florissant de la presse professionnelle: 250 titres qui réalisent 788 millions de francs de chiffre d’affaires annuel, dont 55 p. 100 grâce aux recettes publicitaires. 64 000 médecins ne représentent pas un marché très important en quantité mais c’est un public qui a de très grands besoins en information, en tant que prescripteur et soignant: connaissance des nouveaux produits, des nouvelles thérapeutiques ou de nouvelles méthodes de diagnostic. L’information très spécialisée, liée à des disciplines pointues (anesthésiologie, neurologie, chirurgie, gastro-entérologie...), compte un grand nombre de titres dont les tirages oscillent entre 1 500 et 30 000 exemplaires selon la finesse du créneau et la périodicité. En effet, de par leur spécificité, ils s’adressent moins aux médecins généralistes qu’aux spécialistes, aux chercheurs ou aux étudiants.La concurrence est, par contre, très vive entre les titres généralistes dits de culture médicale, quotidiens, hebdomadaires ou mensuels (tabl. 11). Ceux-ci ont une forte audience auprès des médecins, généralistes en particulier, qui consacrent pratiquement trois heures par semaine à leur lecture professionnelle et parcourent ainsi quelque 15 titres spécialisés (les quotidiens spécialisés étant feuilletés en un quart d’heure). Les revues de formation (La Revue du praticien , La Gazette médicale , Le Concours médical ), prises entre l’évolution du contenu des publications généralistes et le recours aux publications très spécialisées par domaines, connaissent certaines difficultés. Ces organes lancent également des services d’information télématique, mais, là encore, c’est Le Quotidien du médecin , leader des quotidiens médicaux, qui a pénétré le premier ce domaine.La presse médicale n’est pas le seul secteur presse à avoir investi dans la télématique. Pratiquement tous les organes de presse, en particulier les quotidiens, ont créé des services télématiques qui proposent pour le grand public: jeux, messageries, information générale et information de service. Les services professionnels sont plus précis, plus adaptés: par exemple pour les agriculteurs, météo, cours des produits agricoles ou informations fiscales. Mais il est encore trop tôt pour savoir comment les consommateurs de service télématique, en particulier grand public, se positionnent par rapport à la clientèle des supports écrits.
Encyclopédie Universelle. 2012.